Fermeture des sucreries saint Louis sucr Les planteurs manifestent pour « faire plier Südzucker »
Près de 150 planteurs, salariés, élus, ETA sont venus manifester le 7 mai 2019 à deux pas de l’ambassade d’Allemagne à Paris afin de « faire plier Südzucker à accepter un plan de reprise » des sucreries de Cagny (Calvados) et Eppeville (Somme), appartenant à sa filiale française Saint Louis Sucre.
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Après les manifestations devant les sucreries de Cagny, Eppeville, puis devant le siège de Südzucker à Mannheim, la mobilisation ne faiblit pas chez les planteurs et les salariés concernés par le projet de fermeture des deux usines. Munis de drapeaux français, allemands et européens, ils entendaient aujourd’hui faire encore pression sur le groupe allemand avec pour « unique but » de sauvegarder les sites industriels et pérenniser la production de betteraves. « Une étape symbolique » à la veille des élections européennes, le 26 mai prochain.
Cette manifestation intervient surtout une semaine avant la date cruciale du 15 mai où la CGB, Confédération générale des producteurs de betteraves, doit présenter à Strasbourg son projet de reprise « concret et chiffré » aux dirigeants de Südzucker. En cours de finalisation, il doit notamment être présenté aux banques cette semaine. Les chiffres expertisés tiennent compte de la reprise des deux sites et des investissements potentiels.
Investissement en capital
« Ce projet s’inscrit avec un investissement en capital des planteurs de betteraves », précise la CGB. Autrement dit : la forme juridique des sites repris sera une coopérative. L’appui financier des Régions et de partenaires agroindustriels sera également sollicité.
Reste à faire adhérer les producteurs de betteraves des deux sites à ce plan de reprise. « L’objectif est d’emmener le plus grand nombre, explique Dominique Fiévez, président de la CGB Somme. Il faut faire en sorte que les planteurs aient de la lisibilité sur plusieurs années. »
« Nous sommes plutôt partants pour ce plan de reprise, à condition qu’il y ait de la rentabilité derrière, expriment des planteurs de Cagny venus manifester. Et nous voulons être maîtres de notre usine. »
« Bercy convaincu du projet »
« La rentabilité sera là », assure Franck Sander, président de la CGB. Pour lui, « il va falloir jouer serré et être unis pour défendre ce projet. Et il faudra être crédible ! » Le matin même, il rencontrait le délégué interministériel au redressement progressif du ministère de l’Économie. « Bercy est convaincu de notre projet », s’est-il réjoui.
« On espère que les discussions vont s’ouvrir le 15 mai et qu’on pourra avancer ensemble sur ce dossier », confesse Franck Sander. Une rencontre est par ailleurs programmée le 17 mai avec l’ambassadeur d’Allemagne. « En septembre 2019, il faudra vraiment savoir où on va ! » lance Dominique Fiévez.
La CGB souhaite par ailleurs monter des organisations de producteurs pour les deux usines qui ne sont pas fermées par Südzucker (Etrépagny dans l’Eure et Roye dans la Somme), afin de retrouver un « juste partage de la valeur ». « Le ministre de l’Agriculture devrait sortir un décret en ce sens en juin-juillet », détaille Jean-Pierre Dubray, vice-président de la CGB.
Politique de régulation
De leur côté, la Coordination rurale (CR) et France Grandes cultures (FGC) considèrent dans un communiqué daté du 7 mai 2019 que manifester aujourd’hui devant l’ambassade d’Allemagne « ne participe pas réellement à la défense des producteurs ».
Selon ces syndicats, « tout projet de reprise, quel qu’il soit, devrait au préalable s’inscrire dans une politique betteravière qui permette de rémunérer équitablement les producteurs. » Ils appellent la CGB à les « rejoindre dans son combat auprès des instances européennes pour le retour d’une politique de régulation ».
« Tous les acteurs de la filière doivent se remettre autour de la table pour définir ensemble les clauses de partage de la valeur entre producteurs de betteraves, transformateurs et distributeurs de sucre » soutient la CR qui demande « une union syndicale et un changement de cap ».
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